Boum ! Y’a deux neurones qui se sont entrechoqués dans mon cerveau Assurément l’hypothèse de l’accident prévaut La collision fait boule de neige, d’autres neurones sautent Clignotent, voltigent, je frôle le vertige Mais j’le connais ce crash et j’aime quand il arrive Je l’appelle « idée naissante » ou « inspiration impulsive » Je laisse chauffer les synapses et contemple l’explosion interne Écoutez bien, voici le parcours d’une poésie moderne Une fois mise au monde l’idée mûrit vite Il faut quelques secondes pour qu’elle soit enfin construite Ensuite retranscrite, elle glisse de mon cerveau à ma main Je recrache tout, car si les pensées volent, les écrits restent bien J’rends lisible mon idée en un bloc de texte brut Je n’ai plus d’encre, zut ! Encore un stylo qui lutte Mon idée catapulte mon poignet, j’écris à la crampe J’écris à pas d’heure à l’usure de ma lampe Et quand je trouve ce tas de gribouillis moche, je décide de l’mettre en ordre, C’est quand il y a de la structure que les gens accrochent Alors je maquille, rimes ici et là, double croche, syncope, pause Change le paragraphe en proses Je sélectionne les meilleurs mots, les meilleures tournures grammaticales L’idée est tige, les rimes sont ses pétales Je m’étale pas trop, pas plus qu’un A4 recto verso Ça y’est, maintenant il est temps de sortir l’idée du berceau Faut la vêtir, il faut l’habiller classe Faut que j’crée l’instru sur laquelle elle prendra place J’laisse la feuille de côté pendant deux secondes, le temps de créer une batterie Un beat comme on dit, grosse caisse, caisse claire Et puis j’insère une ligne de basse Pour que l’auditeur fasse balancer sa tête Le son est lourd, l’instru presque prête Il me manque juste une harmonie pour porter l’émotion J’puise dans mes dossiers, je cherche mes plus beaux violons On y est presque, je branche le micro J’éclaircis ma gorge, verrouille les portes du bureau Puis dépose le casque sur mes oreilles J’teste le son, j’fais des réglages et j’appuie sur play J’suis prêt à enregistrer maintenant Concentration est le mot dominant Je lis mes vers dans l’tempo, je ferme les yeux par moments Mes mots sont bien dans l’temps, mon flow est virevoltant L’enregistrement fini j’demande l’avis de quelques consultants De mon cerveau à la conversion MP3, mon idée en aura fait du chemin Maintenant arrive chez toi, s’infiltre dans ton ipod Ton MP3, ta chaîne hi-fi ou quel que soit le lecteur à la mode Et moi je m’assois, je souffle, j’suis assoiffé, liquidé Ça coûte de l’énergie de mettre en forme toutes ses idées Assis ici, je respire mais j’entends un bruit sourd Boum ! Deux neurones s’entrechoquent, c’est reparti pour un tour
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