Album : Relecture
Année : 2012
J’les imagine tous après mon départ Les visages tristes, les costards noirs, les mouchoirs Les histoires marrantes et toutes les anecdotes Qu’ils racontent avec les larmes et la voix qui tremblote J’m’imagine flotter dans les airs, invisible J’entends ce qu’ils disent et même les murmures sont perceptibles C’est comme se voir soi-même dans un miroir pur Sans politesse et sans les avis que l’on censure Que diront-ils à mon sujet pendant mon absence ? Quels seront pour eux les points forts de mon existence ? Chaque vie est peinture, les unes sont exposées Les autres cachées au grenier car elles donnent des nausées Est-ce qu’ils vont oser dénigrer la mienne ? S’ils ouvrent mes tiroirs secrets seront-ils ravis de ce qu’ils contiennent ? Les souvenirs que j’laisserai seront-ils négatifs Ou observés par les jeunes d’un air contemplatif ? J’essaye d’imaginer ce qu’ils diraient d’ma jeunesse Sur quel ton ils parleraient d’mes tristes maladresses Qu’est-ce qu’ils retiendraient de mes actions ? Est-ce que j’ai inspiré la paresse, l’échec ou l’ambition ? Est-ce que ma mère dira que j’ai gaspillé mes jours ? De là-haut est-ce que je regretterais d’avoir manqué d’amour en retour ? Le temps de vie est court, j’regarde aux alentours J’ne veux plus de traces d’embrouilles sur ma carte de séjour J’les vois vider ma chambre Gratter dans mon intimité comme on dégivre une vitre au mois de décembre Est-ce qu’il y a de quoi rougir ? Devrais-je ressentir une honte devant les détails qu’ils iront découvrir ? Et ceux qui ont vu ma pire facette, je les entends d’ici Personne ne pleure le départ d’un mec qui crée des soucis Alors si j’veux que ma peinture soit encadrée un jour C’est aujourd’hui que j’dois peindre les plus beaux contours
Si ce soir j’m’en vais Quelle serait l’image que je laisserais ? Quels souvenirs mes amis, ma famille garderaient ? Je me demande : que retiendront ceux qui restent ? Et je refuse de me dire « Et ouais, il est bien trop tard Et ouais, t’aurais dû savoir » De me dire qu’aimer ne se reporte pas Et d’me dire que de mon vivant j’ai fait les mauvais choix
J’aimerais aborder ma vie comme on aborde l’écriture d’un rap Chaque feuille nouvelle est clean comme une blanche nappe Elle sera lue et relue, examinée au marqueur J’évite les fautes car elles puent et les ratures écœurent Y’a un nombre de pages max, j’aime pas le gaspillage Alors évitons les gribouillages et mauvaises syntaxes Et pour toute rime, j’respire avant d’écrire Et comme ils disent, faut réfléchir avant d’agir Dieu pliera la feuille et il posera le point final Et mes proches fermeront le cercueil et ouvriront mon journal Et les générations feuilletteront mes quelques épisodes Ma vie sera-t-elle un livre de bonne méthode ? En attendant j’ai le stylo dans la main gauche, Une Bible dans la main droite, l’amour dans les deux poches L’espoir dans la sacoche et la foi dans les veines Quand l’Eternel règne, mon âme est sereine Mais j’veux pas m’cacher de la vérité si celle-ci éclate Au quotidien j’écris mes actes d’une encre écarlate Ce n’sont pas mes qualités qui rendront mes lignes droites Il n’suffit pas d’savoir compter pour être bon en maths Rien ne sert de parler si au final rien n’se passe Les promesses lassent, y’a qu’les actes qui laissent des traces Et la sagesse du Père est la seule que je cherche À moins d’être prêt lorsqu’il me tend la perche J’veux qu’ma vie soit une flèche qui pointe Christ Et quand on cite mes passions qu’il soit en tête de liste Et si des larmes glissent lors de mes obsèques Sache que les bons souvenirs guérissent plus que des mouchoirs secs Mais pour que ces souvenirs soient beaux il faut que j’me bouge de mon vivant Que je mette encore plus d’amour en avant Alors avant qu’ils déposent les premiers chrysanthèmes Je veux que ce soit des belles fleurs que mes actes sèment
Si ce soir j’m’en vais Quelle serait l’image que je laisserais ? Quels souvenirs mes amis, ma famille garderaient ? Je me demande : que retiendront ceux qui restent ? Et je refuse de me dire « Et ouais, il est bien trop tard Et ouais, t’aurais dû savoir » De me dire qu’aimer ne se reporte pas Et d’me dire que de mon vivant j’ai fait les mauvais choix
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