Album : Mon Critérium et un Carnet
Année : 2019
Père,
Quand je vois l’oeuvre de tes mains
L’océan et le sable fin
Oh quelle grandeur
Ouh, Père,
Les lignes et couleurs
Des étendues peuplées de fleurs
C’est tout à ton honneur
C’est le jogging du matin Je souffle dans l’temps je suis méthodique À droite, gauche, des rangées de sapins Petite foulée mais course tonique Un-deux, réspiration Éliminons les toxines et gonflons les poumons Rigueur et discipline, j’en ai fait mon carburant J’me laisse pas décourager par les autres plus endurants Pendant que j’trottine, j’me régale du paysage devant moi Celui que l’artiste là-haut dessine Celui qui colorie ces fleurs et ces bois Celui qui me donne le souffle, qui coordonne le tout Qui forme, compose et controle le tout Entouré de tes merveilles, je manque de superlatif Alors je cours, contemplatif
Père,
Les vents les pluies et les tempêtes
L’immensité de ta palette
Oh quelle grandeur
Père,
Les formes les sons les saveurs
Des insectes jusqu’aux prédateurs
C’est tout à ton honneur
Les phalanges sur l’volant et l’pied qui fait chauffer l’moteur L’autoroute est fluide, les voies sont vides, J’évite le trafic, c’est pour ça qu’j’me suis levé d’bonne heure J’en profite et baisse les vitres, monte le volume
Coude sur la portière, l’esprit léger comme une plume J’passe la cinquième et j’atteins c’moment clé Celui où mon visage est caressé par le vent frais
Concentré mais distrait, j’conduis l’oeil sur la route Et l’autre oeil sur les belles feuilles, sur la verdure
Et ses couleurs pures En matière d’oeuvre d’art, la nature est ma valeur sûre Les collines, les lacs, les reflets, les ombres Les nuages et les oiseaux qui voyagent en nombre
Entouré de tes merveilles, je manque de superlatif Alors j’avance contemplatif
Père,
Les montagnes et les étoiles
L’aurore qui se dévoile
Je vois ta grandeur
Ouh Père,
Sommets et profondeurs
Et les battements de nos coeurs
Sont tout à ton honneur
Fin de l’embarquement
J’ai la ceinture bouclée, la valise dans son compartiment L’hôtesse devant fait les derniers ajustements Quand moi j’demande si le départ est imminent
J’entends l’commandant faire l’annonce Le gosse devant demande “C’est quand que l’avion fonce ?” Tablettes relevées, on est prêts
Trois, deux, un, OK On prend d’la vitesse et le bruit s’amplifie La ville paraît plus futile vue d’ici Y’a tout qui défile vite, tout rétrécit Le décor devient de plus en plus imprécis Je sens monter l’adrénaline et mon voisin fait pâle mine
Et tout d’un coup tout s’anime
Aux quatre côtés du bolide
Et les roues ne touchent plus l’sol
Ça y’est petit l’avion décolle et prend son envol Et moi je m’isole
Et je plane, à survoler les platanes Je redessine les montagnes avec mes yeux Et je m’enivre du bleu des cieux Du haut j’vois la terre que t’as faite La mer que t’as faite, ce vert qui reflète ton oeuvre parfaite
Mon Dieu quel artiste, je manque de superlatif Alors je m’envole, contemplatif
Comments